BOOMERANG

– Ce que vous êtes parle si fort que je n’entends plus ce que vous dites –

En communication inter – personnelles nous connaissons bien les effets pervers des interactions.

Nous les observons depuis des années en simulation dans des études de cas, des situations de conflit, à travers des résolutions de problème et par le jeu des JE.

Elles ne sont jamais neutres.

Nous savons par empirisme l’effet, non scientifique certes, (nous ne sommes pas ici dans la physique quantique ) mais quasi systématique, produit par ces déplacements d’énergie, ces allers-retours d’influences, ces processus boomerang.

Nous analysons au quotidien, effets miroirs, feed – backs et autres causes/conséquences, ces schémas de synchronisation mimétique qui s’interpénètrent au sein d’un groupe et qui mal maîtrisés tournent à l’affrontement.

Nous savons par exemple, comment au delà d’un thème polémique, l’emetteur trop péremptoire, le locuteur trop abusif sortant de son rôle d’autorité pour basculer dans l’autoritarisme génère à coup sûr, d’abord un réflexe de repli sur soi, de rétractation protectrice puis très vite un mouvement de contestation, et la remise en question non plus de la thèse ou du discours mais de l’autorité elle même. L’enjeu n’étant plus le jeu rhétorique mais le je lui-même.

Tout ça pour dire et nous le constatons tous que, ce pouvoir vibrionnant, brouillon, brutal, effrenné, survolté et électrique  dangereusement désacralisé, banalisant la fonction présidentielle par sa surexposition médiatique et hyper personnalisé commence à subir inévitablement ses premiers retours de bâton.

Instrumentalisation de la vie privée, exposition de la famille, (vous avez aimé Jackie Kennedy vous adorerez Cecilia) :

Rupture, plaquage. (les mots assénés ne sont pas innocents)

Instrumentalisation de la coupe du  monde de rugby, mélange des genres, entraîneur con et zélé et rebonds pervers du ballon dans la poire.

Instrumentalisation et confiscation du symbole Guy Môquet et contre-lettre,( les moissonneuses ) réappropriation par les profs du ‘camarade’ et non du ‘compagnon’ acte révisionniste s’il en est. (voir plus bas)

Chantiers de réformes tout azimuth, humiliation du premier ministre collaborateur, commissions doublons et vaines, ouverture agressive et confuse, gouvernement photogénique et incompétent, assemblée nationale sacrifiée, on peut deviner assez aisément les futurs retours de flamme sociaux ou médiatiques qui nous attendent.

Jusqu’à symboliquement (et je rêve) voir Neuilly elle-même se révolter contre l’intronisation forcée et arbitraire d’un pathétique Martinon par le seul fait du prince.

Non on ne brutalise pas impunément un peuple même relativement consentant, non on n’ouvre pas cinquante chantiers à la fois qui touchent au fondement même d’une société, institutions, politique étrangère, droits sociaux…non on ne détourne pas les mythes et symboles d’une nation, non on ne vide pas les mots et les valeurs de leur sens, non on ne bouscule pas tous les repères d’une société sans qu’il y ait à un moment ou à un autre une réaction instinctive et violente.

Ruade ou rebuffade

Déflagration.

Non on ne joue pas avec des affects chargés, dans un registre émotionnel, compassionnel, cette mécanique des fluides si incandescente, à empiler des lois dans l’urgence, sans qu’à un moment le mélange explosif vous pète à la gueule ;

Ça commence gentiment par l’entartage.

(Où sont passé les Steevie, Doc Gyneco, Sevran… les supplétifs les plus faibles broyés déjà par la machine folle ?)

ça finit méchamment par la kalachnikov.

Cette politique hyper agressive, radicale et rentre dedans ne peut que susciter un retour d’autant plus violent et incontrôlable qu’il n’existe plus d’opposition organisée et audible, de contre-pouvoir.

(La nature ayant horreur du vide c’est finalement à droite que surgit une opposition, Bayrou, Villepin, probablement Chirac en sourdine)

A voir déjà certaines unes (enfin) et certains textes (quand même) radicaux on peut imaginer comment tout cela finira.

Eric Hazan – Changement de propriétaire – (éditions du seuil)
journal des 100 premiers jours du régime Sarkozy.

Selon l’auteur, l’élection de mai 2007 marque l’écroulement du système droite/gauche : il n’y aurait plus selon lui d’autre choix que« le ralliement réactionnaire et la lutte ouverte contre l’ordre établi », que les affrontements de banlieue de l’hiver 2005 lui paraissent annoncer- –  une perspective de « guerre civile » ou même de rupture avec le système capitaliste.

Tant que notre président complexé d’une droite arrogante et décomplexée domine encore la situation ( médias en laisse, sondages orientés, gauche atone…) il maintient le couvercle sur une colère rentrée, il contient encore les forces réactives qu’il a lui même nourries mais ce décalage entre réalité et représentation de cette réalité ne peut que rajouter à la confusion et à la moindre faiblesse, au moindre relâchement, à l’irruption brusque du principe de réalité…

Même si « La réalité n’a aucune importance, il n’y a que la perception qui compte »,  Laurent Solly,( ex directeur de campagne du candidat UMP à la présidentielle recyclé à la tête de TF1 depuis)

alors le reflux l’emportera dans la tourmente et sa brutale omni présence médiatique largement stérile se paiera cash.

(syndrome Messier, Tapie…)

Car la réalité existe.
La preuve si’l en est ?  le je veux volontariste et narcissique ne peut rien contre l’été pourri, rien contre une défaite en rugby, rien contre une croissance en berne, rien contre un divorce.

Il y a une limite à la volonté de puissance. Cette limite on la touche déjà en ce mois d’octobre.

Je savais que cela arriverait, qu’on ne pouvait pas sans risque violenter cette mécanique- là des interactions, je ne me doutais pas que ce serait si rapide.

On ne le sait que trop, à vivre de l’image on est tué par l’image.

On disait que ce président là était son pire ennemi, qu’il y avait effectivement chez ce type une frénésie destructrice, une violence suicidaire assez pathologique, que sa femme même et peut-être par instinct de survie a décidé de fuir.

Ce mec clairement cherche la bagarre

A coup sûr il l’aura.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

3 commentaires sur « BOOMERANG »

  1. Excellente réflexion.
    Pour moi, le plus ahurissant c’est la vitesse avec laquelle NS a tout démoli. Et en effet cela pourrait très mal finir, parce que ni lui ni sa cour ne lâcheront le morceau.

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  2. Sais tu que, pour une fois, tu es d’accord avec François Léotard?
    Et avec moi (mais ça c’est moins surprenant).
    Ca va mal finir.
    Aïe Aîe Aïe !
    Fallait pas l’inviter.
    Zgur

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  3. oui, le plus grave c’est qu »il n’existe plus d’opposition organisée et audible, ni de contre-pouvoir »
    ET même les syndicats, à force d’individualisme français, de découragement, de précarisation des travailleurs et de peur, d’inculture d’abord! sont bien mal en force. Le mouvement du 18 oct. cassé dés le début par les agensts de conduite auxquels on aurait fait des concessions (lesquelles??? pas moyen de connaître le contenu) et qui lachent le mouvement. Et les autres qui ne suivent pas. On n’aura pas un remake de 1995 héla.
    C’est la fin
    jusqu’à quoi?

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