Nager plus pour se noyer moins

Quand la droite offensive et décomplexée nous vend ses « valeurs » la moindre des choses serait qu’elle les applique au moins.

En termes d’efforts, de mérite, de culture du résultat, de compétence, de prise de risque récompensée et de responsabilités assumées.

Or s’il y a bien un domaine où la droite (et nos élites en général) est particulièrement peu exemplaire c’est précisément sur ce terrain-là.

Quand la France qui gagne perd, les incrustations de président volontariste et successfull disparaissent mystérieusement de nos petits écrans propagandistes ainsi que toute la clique et claque en tribune du futur divorcé.

Un président qui n’en veut ne peut être associé à une défaite piteuse cela va de soi.

Quand une équipe (au hasard de rugby) se vautre, que son entraîneur grande gueule et furieusement narcissique fuit courageusement les micros et finit quand même par justifier la pâtée « Madrange » en se dédouanant sur le dos de ses joueurs    ‘qui n’ont pas su se libérer’ (même s’ils n’ont fait qu’ appliquer laborieusement la tactique débile du coach borné et peu inspirée) le moins que l’on puisse dire c’est qu’on ne joue pas dans la division d’honneur et qu’on n’est pas étouffé par le fair-play.

On pourrait espérer que la moindre des élégances serait d’assumer au moins collectivement la branlée…

J’t’en fous….

Ni responsable ni coupable. C’est pas moi c’est ma sœur….

Quand EADS se casse la figure, nos entrepreneurs, si en pointe pour nous donner des leçons sur les joies de la précarité au travail et les avantages de la casse des acquis sociaux, nos ministres si prompts à appeler aux sacrifices et aux retroussages de manches, s’empressent avant tout de se bâfrer sur l’état (les bénéfices sont privés les pertes sont publiques) préfèrants passer pour                « incompétent plutôt que malhonnête »  gratifiant au passage cette incompétence d’une plus value réconfortante ou (alternative) feignent la surprise et l’ignorance, étant comme il se doit toujours les derniers informés…

Aux innocents les mains sales, on connaît….

Quand les parachutes dorés ne viennent pas récompenser les faillites d’entreprises, les fusions ratées, les licenciements abusifs, les stratégies plantées, quand les intrépides aventuriers du biuseness plan ne retournent pas pantoufler prés du radiateur dans quelque administration douillette, ce sont alors les spécialistes de la ceinture et des bretelles dans le confort de leur notabilité, de leur cumul de postes, de leurs émoluments obscènes (fonctionnaires la nuit, consultant le jour…Baverez, Marseille Colombani…) qui ont l’indécence de nous infliger le triste numéro de la liberté d’entreprendre sans freins et sans RMI surtout.

Que le culte du chef ait son intérêt : admettons

Encore faudrait-il que ce petit père des peuples assume les matins de gueule de bois, les déprimes nationales et à l’instar d’un de nos mythes historiques (De Gaulle, Jeanne D’arc) tienne dans le gros temps la barre d’une main ferme et sure.

Le Boss quoi !!!

Ben non, ces matins-là, nos petits chefs sont aux abonnés absents, extrêmement occupés à filer à l’anglaise dans leur voiture de fonction, avec leur salaire de fonction, vers leur logement de fonction.

Fort responsables et vertueux les soirs de victoire (et même tirant quelque peu la couverture à eux) on les retrouve fort discrets et peu communicants les petits matins de nausée.

Quand nous nous devons, de travailler plus, d’être  mieux évalués, de nous lever tôt, de supporter les franchises médicales, de rogner sur nos retraites, suspectés qui plus est, de frauder le fisc, d’entuber la sécu, de profiter des assedic, de tirer au flanc, eux ne doivent rien, ni l’exemplarité, ni de mettre leurs actes en accord avec leur discours, ni de payer le prix de leurs erreurs ou de leurs saloperies.

Ne nous faisons aucune illusion avec ces gens-là, les jours de Titanic :

– les femmes et les enfants après – (moi le déluge)

En capitaines lâches et pitoyables, ils seront les premiers dans la chaloupe, à nous expliquer qu’il faut nager plus pour se noyer moins.

Un chronomètre à la main.

tgb

Publié par rueaffre2

TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.

4 commentaires sur « Nager plus pour se noyer moins »

  1. Ah ! Ton image de la chaloupe et du chronomètre ! Génial, et si vrai.
    Mais qui sait si ce ne sera pas la chaloupe qui coulera en premier ? Et quitte à boire la tasse, on sera nombreux à rigoler.

    J’aime

  2. Ah enfin quelqu’un qui comme moi a remarqué cette absence d’images de Sarkozy dans les défaites !
    Après on vient nous expliquer que les médias sont neutres !
    Pitin, c’est quand meme pas un hasard si le realisateur decide de selectionner ou non, la camera qui tourne sur le Néo-Président !
    🙂

    J’aime

  3. Quel bonheur de te lire. Quelle tarte à la crème une fois encore !!!!
    On en viendrait presque à souhaiter les prochaines déconfitures de Sarkozy et consœur.
    Pourtant je ne peux m’empêcher d’être profondément triste pour tous les espoirs déçu par ses faux prophètes.
    Ne nous éternisons pas sur le rugby qui finalement n’est qu’un grand show business et non pas une question de vie ou de mort. (Quel obscénité de comparer les minutes précédentes le combat sportif au combat d’un résistant à l’aube de son exécution).
    La défaite de la France en demi finale, c’est décevant mais passons (la balle).
    Décevant aussi pour tous ces gens qui ont voté parfois avec enthousiasme pour ces incompétents, ces comédiens de la politique, ces criminels.
    Quel désespoir de voir ces immigrants attirés par le modèle Français finir leur voyage par la fenêtre…aculés par des policiers qu’on rémunère aux chiffres.
    Combien de nouveaux demandeurs au regroupement familial désespérés de retrouver leur famille, se voient contraints d’ajouter à leur misère humaine, l’humiliation de tests ADN. Etre accusé de vouloir venir vivre en France…
    Quelques uns d’entre nous (comme toi TGB) avec plus ou moins de talents, parfois dans notre coin, avec de petits moyens défendons les valeurs de ce pays que l’on sent pris en otage par certains, du french flair au droit de l’homme.
    A la lettre de Guy Moquet lue avant un match de rugby et aux tests ADN, opposons la lettre testament d’un célèbre résistant étranger mort pour défendre l’idée de la France républicaine, libre, égalitaire et fraternelle qui l’avait recueillit, lui, l’orphelin du génocide turque. Il croyait aux valeurs de l’universalité humaine, aux valeurs humanistes de notre pays. Aragon écrivait de lui en 1955:
    Strophes pour se souvenir
    Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
    Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
    Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
    Vous vous étiez servi simplement de vos armes
    La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
    Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
    Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
    L’affiche qui semblait une tache de sang
    Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
    Y cherchait un effet de peur sur les passants
    Nul ne semblait vous voir français de préférence
    Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
    Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
    Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
    Et les mornes matins en étaient différents
    Tout avait la couleur uniforme du givre
    À la fin février pour vos derniers moments
    Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
    Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
    Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
    Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
    Adieu la vie adieu la lumière et le vent
    Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
    Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
    Quand tout sera fini plus tard en Erivan
    Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
    Que la nature est belle et que le coeur me fend
    La justice viendra sur nos pas triomphants
    Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
    Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
    Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
    Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
    Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
    Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
    Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant
    Louis ARAGON
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Missak_Manouchian
    http://www.anciens-combattants-armeniens.org/manouchian_expo.htm

    J’aime

Commentaires fermés